Micro,boulot,dodo

Publié le par Virginie et Manu

          Nous voilà installés depuis 3 semaines à Sucre, et quand je dis “installés”, ça ne rigole pas: nous vivons, comme de vrais nantis, j’avoue, (aye…mais vu que c’est 60 euros par mois…), dans un immense appart à 3 cuadras de la place centrale de Sucre, que nous partageons avec Gisela, une suisse qui fait un volontariat d’un an à l’UNICEF, dans le programme de protection de l’enfance. On se plait bien dans cette ville jolie et tranquille, oú on se fait notre petite vie, même si c’est pour pas longtemps (jusque fin mai). On est surtout contents de faire un petit quelque chose d’utile.

DSCN3299.JPGLe Centre C.I.C.I

          J’ai organisé deux ateliers sur l'égalité des genres, et d’autres sont en projet. Je suis très bien accueillie par les enfants, les discussions avec eux sont intéressantes et fructueuses. Du côté des directeurs et des professeurs, les relations sont différentes. Le premier directeur d’Unité Educative que j’ai rencontré m’a à peine regardé quand je lui ai proposé d’organiser des discussions sur l’égalité des sexes, et m’a dit: “ouais, l’égalité des sexes….bolivienne?” Mais, la plupart du temps, je suis bien acceptée, en tant que gentille “gringita” de service (difficile de me cacher avec ma peau blanche, mes yeux clairs et mon accent), et j’ai trouvé des professeurs partants pour le projet dans les 3 collèges avec qui le Centre travaille.

DSCN3300.JPG

           Selon la Constitution bolivienne et la nouvelle loi d’Education, l’égalité des sexes doit être abordée à l’école, mais il y a beaucoup d’autres choses à faire et à apprendre et le contexte économique et social est loin d’être facile.Quand j’ai demandé à mon groupe d’enfants(d’environ 12 ans) ce que cela voulait dire être une femme et ce que voulait dire être un homme, j’ai obtenu des réponses qui veulent tout dire: “la femme est jolie, tendre, affecteuse, fait le ménage et la cuisine”, “l’homme est travailleur, fort, infidèle, et… frappe les femmes”. Mais ce qui est positif, c’est qu’en discutant avec eux, on peut les faire changer d’avis ou au moins les faire réfléchir.

            Sinon, je fais du soutien scolaire en anglais, je donne des coups de main à mes collègues Silvia et Olga, j’aide même à compter les pains que le Centre fabrique et vend à des institutions scolaires du coin pour pouvoir offrir un petit goûter aux enfants…

30-O3-2010--H.JPG

            Ça se passe bien pour Manu, qui s’entend bien avec son chef Alex, il fait des visites dans la campagne (Padilla et Sopachuy)avec lui (à grand renfort de Singani et de chicha), notamment pour récupérer des remboursements Et certains mecs sont vraiment dans une bonne mouise financière. La majorité des microcrédits sont destinés à des paysans pour qu’ils puissent acheter, par exemple, des grains.Ils mettent en caution leurs vaches, leurs moutons ou leur maison. Manu fait aussi pas mal de travail de “bureau”: il a classé tous les dossiers de crédits (y en a même un au nom de son chef…), va essayer de leur monter un système bien efficace de classement et organiser la formation des représentants de CrediFuturo dans 3 communes différentes.

            Voilà un peu de notre quotidien…

 

            Sinon, côté vie politique, depuis le début de notre séjour, les élections se succèdent, d’abord le 4 avril, les élections départementales et municipales (victoire assez nette du MAS, le parti de Morales, mais avec des échecs dans certaines villes comme à Sucre, La Paz et les régions de l’Orient, les traditionnels territoires de l’opposition), puis il y a quelques jours les élections du Conseil du COTES, la Coopérative de Télécommunications de Sucre, et bientôt, les élections universitaires. La ville est en campagne perpétuelle, se couvrant de banderoles et résonnant de fanfares presque tous les jours. Les candidats organisent même des concerts. (On en a vu un à Potosi, organisé par un des candidats à la mairie, avec un groupe de cumbia, qui avait comme mascote une sorte de Shrek. Un grand moment).

    La politique, ce n’est pas très reluisant, beaucoup de clientélisme, de corruption…pas mal d’histoires plus ou moins douteuses. Les relations prévalent souvent sur les compétences.Tous les moyens sont bons pour arriver au pouvoir et le conserver, de droite, comme de gauche, à n’importe quel niveau que ce soit. C’est vrai que les gens participent et se sentent concernés par la politique.Mais bon, il faut dire aussi que le vote est obligatoire: tu ne peux plus recevoir ton salaire ou tes aides pendant 3 mois si tu n’as pas voté et que tu n’as pas de justification. Dur dur…                                                                                                                           

  Autre chose. Il y a une forme de protestation politique assez répandue: la grève de la faim. C’est apparemment devenu une modalité d’opposition au même titre que la manifestation dans la rue. Par exemple, en ce moment, il y a un litige quant à l’attribution des sièges dans les conseils territoriaux, suite aux élections du avril, et dans plusieurs villes, les opposants se sont mis en grève de la faim. Alex, le boss de Manu et militant des droits de l’homme, nous a expliqué que cette pratique s’est développée il y a quelques années, et que lui même l’avait fait. Normal.

Publié dans Bolivie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article